Lyon, à l’époque capitale de l’Humanisme, créait là une des premières architectures médicales.
“Il y a eu ici un génie pour donner enfin un cadre aux patients en tant que tels autrement abandonnés à eux-mêmes” les intégrant ainsi dans une communauté créée pour les soigner mieux.
Ce furent alors surtout la nourriture et la cuisine la véritable arme alimentaire contre les épidémies d’alors. C’est la même alimentation saine et ses plaisirs qui sont prônés aujourd’hui avec une fonction curative et préventive contre les maladies contemporaines.
La rare et précieuse cuillère remise à chacun en était à l’époque le sésame.
Elle, qui dans l’histoire, fit passer l’usage de la main pour se nourrir à l’emploi d’un objet social et pluriel tant ses formes, matériaux, fonctions et significations sont innombrables et ont permis, alors, de se situer dans la société en partageant des aliments dans un plat commun.
“J’ai donc choisi la cuillère comme métaphore de ces valeurs, de cette histoire et de cette démarche d’hier, ici prolongée aujourd’hui et qui célèbre également le savoir-faire des producteurs, des cuisiniers et de l’art de la table à la française.”
Elles sont de taille humaine et au nombre de treize pour célébrer ce taux de guérison à l’époque sur quatorze patients, alors que Paris n’affichait que un sur quatre.
Les cuillerons sont gravés de profils, féminins pour sept d’entre eux afin de célébrer le rôle des hospitalières dans l’institution.
En suspension dans le dôme, à mi-hauteur, elles rappellent à la fois l’aide qu’apportait l’élévation spirituelle du lieu associée à l’efficace aspiration des miasmes par cette architecture visionnaire.
L’utilisation du verre comme matériau principal permet d’être en harmonie avec les volumes importants des espaces comme avec les autres traditions artisanales présidant à la construction de l’édifice. Le verre permet également de conserver et de jouer avec la lumière naturelle et essentielle du petit dôme. Elle est même accentuée par le jeu des reflets du verre argenté. Ceux-ci créent également le lien avec les visiteurs, qui, par leurs mouvements font vivre l’œuvre.
Les treize cuillères sont agencées en un cercle, liant l’offrande au divin.
Vincent Breed
Œuvre commandée par la Métropole de Lyon, dans le cadre de la fabrication de l’exposition permanente de l’espace muséal de la Cité Internationale de la Gastronomie de Lyon